La spirale de l’envie ou la spirale de l’ennui : Se laisser aller n’est pas du lâcher prise !

Nous vivons tous une période très particulière en ce moment, période où tous nos repères et nos rythmes sont bousculés.
Pour beaucoup, du « je n’ai vraiment pas le temps », nous sommes littéralement tombés dans le « j’ai plein de temps ». Je ne parle pas de toutes les personnes qui sont au front pour lutter contre ce virus, pour nous aider à continuer à vivre à peu près normalement, ou à vivre tout simplement, et à qui j’adresse ma profonde gratitude.
Non, je parle de nous tous qui sommes confinés, certains en télétravail, d’autres en … rien.
Nous faisions partie de ceux qui couraient tout le temps, qui ne prenaient pas le temps et qui rêvaient d’avoir du temps pour …, et de pouvoir prendre du bon temps.
Aujourd’hui, nous avons devant nous des journées ou des moments que nous pouvons transformer en « bon temps », et ce pour une durée indéterminée.
Mais ce n’est pas aussi simple que ça… Combien de fois ai-je entendu « Je vais enfin pouvoir faire ce que je n’avais jamais le temps de faire », qui petit à petit s’est transformé en « je pourrais faire ça, mais je n’en ai pas envie » ou tout simplement en « je m’ennuie » …
Et oui, souvent les bonnes résolutions s’effilochent car le moteur de l’envie n’est plus entretenu et nous sommes rattrapés par l’ennui !
La spirale de l’ennui est insidieuse car elle peut nous entrainer jusqu’au laisser aller, et même jusqu’au « sabotage de soi ».

La spirale de l’envie, elle, nous rend heureux. L’envie c’est ce qui fait qu’on se lève de bonne humeur le matin, sourire aux lèvres, dans l’espoir d’une bonne journée.

La première spirale risque de nous entrainer vers le laisser aller, la deuxième peut nous amener à apprendre le lâcher prise.
Se laisser aller, c’est ne plus s’occuper de soi, se négliger. C’est ne plus être maitre de soi, c’est accepter inconsciemment de devenir l’esclave de nos démons : peur, paresse, nourriture, boisson, jeux vidéo, etc.
Lâcher prise, au contraire, c’est décider sciemment de prendre du recul, de s’aménager des temps pour réfléchir, se faire du bien, respirer. C’est accepter qu’il y ait des choses sur lesquelles on peut agir et d’autres non. C’est se donner l’opportunité de développer son discernement. C’est pouvoir choisir.
Lâcher prise, ce n’est pas se laisser aller ! Se laisser aller n’est pas du lâcher prise !
Certes il est important d’avoir un vrai rythme et de varier ses activités.
Mais ce serait dommage de retomber dans les travers de l’hyperactivité et de multiplier les activités passe-temps sous prétexte d’éviter l’ennui !
Dans cette période où nos programmes de journées ne sont pas tous écrits, c’est à nous de trouver notre rythme, celui qui nous convient.
Pour ceux qui travaillent, cela ne nous empêchera pas de bien travailler ! Mais nous passerons d’une logique de « performance de productivité » à une logique de « performance de qualité ».
Se recréer des repères oui, de nouvelles contraintes inutiles non !
Qui sait, peut-être que cette crise aura un mérite, celui de nous faire découvrir de nouvelles façons de vivre …
Christine VERGNE
23 mars 2020